Difficile d’interdire complètement aux salariés d’utiliser les outils informatiques à des fins personnelles. Mais vous pouvez sanctionner les abus. Encore faut-il réussir à définir l’abus…
Il paraît évident qu’aujourd’hui on ne peut pas interdire à un salarié doté d’un ordinateur professionnel toute connexion à des fins personnelles.
Le bon sens c’est une permission tant que ça reste raisonnable.
La CNIL considère qu’une utilisation personnelle des outils informatiques est tolérée si elle reste raisonnable et n’affecte pas la sécurité des réseaux ou la productivité.
C’est à vous de fixer les contours de cette tolérance et d’en informer vos employés.
Par contre si le salarié passe trop de temps, se connecte à des sites illicites et affecte la sécurité du réseau, un abus peut donc être constitué. La difficulté c’est de prouver l'abus.
La Cour de cassation a par exemple déjà reconnu un abus justifiant une faute grave :
Important : Il est nécessaire d’apporter des éléments permettant de s'assurer que le salarié est réellement l'auteur du comportement litigieux, ce qui n’est pas le cas s’il est possible à n'importe lequel des salariés d'avoir accès au poste informatique du salarié (Cass. soc., 3 octobre 2018, n° 16-23.968).
Récemment, la Cour de cassation a en revanche écarté une utilisation abusive de l'ordinateur professionnel et de connexions internet à des fins personnelles concernant un salarié qui stockait quelques photos. Explications.
Dans cette affaire qui concernait La poste, il y avait une charte informatique qui précisait que l'utilisation des sites internet à des fins privées devait être limitée en volume, en durée et que l'accès à des sites non autorisés par les lois et règlements ou contraires à l'ordre public constituait une faute professionnelle. D’autre part, le règlement intérieur prévoyait que les salariés ne devaient pas utiliser le matériel qui leur était confié à d'autres fins que professionnelles.
S'appuyant là-dessus, l’employeur décide de licencier pour faute grave un salarié qui a téléchargé et conservé sur son ordinateur des images d'enfants et d'adolescents nus et aurait consulté des sites pornographiques.
Des fichiers ont été retrouvés sur l’ordinateur d’un salarié : six clichés de jeunes garçons ou jeunes hommes nus ou en short, sans photographies d'actes sexuels.
Pourtant la faute grave n’a pas été reconnue par les juges. Pour écarter l'existence d'une faute grave la cour d'appel a retenu :
Au vu de tous ces éléments, l'utilisation abusive de l'ordinateur professionnel et de connexions internet à des fins personnelles, invoquée dans la lettre de licenciement, n'était donc pas établie. La Cour de cassation donne raison à la cour d’appel qui a pu déduire de tous ces éléments que la sanction était disproportionnée et que les faits ne rendaient pas impossible le maintien du salarié dans l'entreprise.
A noter : Cette décision est aussi intéressante car elle montre que même en posant des limites via une charte et le règlement intérieur une interdiction ne peut pas être totale…
Besoin d’aide pour établir votre règlement intérieur ou une charte ? L’équipe Qiiro est à votre disposition.