Vous ne pouvez pas laisser passer une situation de harcèlement sexuel dans votre entreprise. Il faut réagir mais jusqu’à quel point ? Un licenciement pour faute grave se justifie-t-il concernant un manager qui tient des propos gênants à plusieurs reprises ?
Déjà dès lors qu’on vous informe, ou que vous constatez, des faits pouvant s’apparenter à du harcèlement sexuel (ou moral d’ailleurs!) vous devez immédiatement réagir. Il faut enquêter, essayer d’établir les faits (recueillir des témoignages par exemple) et prendre toutes les mesures possibles pour protéger les éventuelles victimes et prévenir tout acte de harcèlement.
Rappel : le Code du travail reconnait des faits de harcèlement sexuel en présence :
Le harcèlement sexuel est également constitué :
Toute forme de pression grave, même non répétée, exercée dans le but réel ou apparent d'obtenir un acte de nature sexuelle est également assimilée à du harcèlement sexuel.
Si le harcèlement est établi, il vous faudra réagir et sanctionner l’auteur des faits.
Le Code du travail prévoit que l’auteur de faits de harcèlement sexuel encourt une sanction disiplinaire (C. trav., art. L. 1153-6). Et les juges considèrent généralement qu’il peut s’agir d’un licenciement pour faute grave. Exemple avec une affaire du 13 mars 2024.
A savoir : L’auteur de harcèlement sexuel s’expose également à des sanctions pénales.
Attention : Si vous ne mettez pas tout en œuvre et ne prenez pas toutes les mesures nécessaires, un manquement à votre obligation de sécurité pourrait être reconnu par les juges. Mais il ne faut pas se contenter de réagir. Faire cesser le harcèlement et sanctionner ne suffit pas. Il faut aussi prévenir. Cela passe notamment par de l’information, de la sensibilisation sur le harcèlement.
Cette affaire concerne un salarié qui a eu un comportement déplacé et inapproprié envers plusieurs salariées de l’entreprise notamment son assistante. Quelques exemples de propos sont cités :
Plusieurs salariées avaient témoigné de la gêne occasionnée par cette situation qui leur a été imposée par un supérieur hiérarchique.
La cour d’appel avait reconnu que le comportement du salarié était totalement inadapté pour un salarié qui avait une position de responsabilité vis-à-vis des jeunes femmes qu'il a contactées. Elle avait en revanche rejeté la faute grave. Elle estimait en effet que le salarié étant un excellent collaborateur et n’ayant subi aucun reproche au long de sa longue collaboration, cela ne rendait pas son maintien dans l’entreprise impossible. Autrement dit, une faute justifiant un licenciement oui, mais pas une faute grave le privant des indemnités de départ.
Décision sans surprise cassée par la Cour de cassation :
Pour la Cour de cassation il fallait en déduire que de tels propos ou comportements à connotation sexuelle répétés, créant une situation intimidante ou offensante, étaient de nature à caractériser un harcèlement sexuel et à rendre impossible le maintien du salarié dans l'entreprise.
Ce qui implique un départ immédiat via un licenciement pour faute grave et donc pas d’indemnité de licenciement ni d'indemnité compensatrice de préavis.
Savez-vous que dans les entreprises d’au moins 250 salariés, l’employeur doit désigner un référent harcèlement sexuel ? Les juristes Qiiro sont prêts à vous éclairer à ce sujet via l’offre d’accompagnement juridique.