Le contrat d’apprentissage est une convention un peu particulière. Les modalités de sa rupture sont bien différentes de celles d’un contrat de travail classique.
Le contrat d’apprentissage se définit comme un contrat de travail en alternance conclu entre un employeur et un apprenti afin de suivre une formation professionnelle en entreprise et en centre de formation.
Le contrat d’apprentissage consiste en un contrat écrit de droit privé qui intervient dans le cadre de la formation initiale d’un apprenti. Son objectif est de lui permettre d’acquérir des compétences professionnelles. Celles-ci sont sanctionnées soit par un titre certifié au RNCP ou Répertoire National des Certifications professionnelles soit par un diplôme d’État.
La formation en contrat d’apprentissage se déroule en alternance. L’apprenti suit une formation théorique auprès d’un centre de formation. Il met également ses acquis en pratique en entreprise. Dans ce cas, il est placé sous la responsabilité d'un maître d'apprentissage.
Le contrat d’apprentissage peut être conclu de deux manières :
En principe, une convention établie entre l’employeur, le CFA et l’apprenti fixe la durée de la formation. Celle-ci peut être égale, inférieure ou supérieure à la durée du cycle de formation. Dans tous les cas, la formation pratique en entreprise fait l’objet d’une période probatoire qui s’assimile à une période d’essai de 45 jours, consécutifs ou non.
La plupart du temps, un contrat d’apprentissage est conclu à durée déterminée. Tel un véritable contrat de travail, il prend normalement fin une fois arrivé à son terme. Cependant, il est aussi possible de décider de sa rupture à d’autres moments.
Le contrat d’apprentissage est cependant un contrat particulier. Les règles qui entourent sa rupture et celle d’un contrat de travail classique ne sont pas exactement les mêmes. Mais l'employeur doit tout de même respecter l’application des règles qui encadrent généralement le licenciement pour motif personnel. L’apprenti, de son côté, ne peut pas utiliser les règles de démission habituelles. La rupture des relations contractuelles n’est simplifiée que durant la période probatoire de 45 jours. Au-delà, la résiliation du contrat d’apprentissage doit veiller au respect de plusieurs conditions, et ce, qu’elle soit décidée par l’apprenti ou par l’employeur. Les modalités de rupture d’un contrat d’apprentissage sont prévues par le Code du Travail en ses articles L 6222-18 et suivants.
Le contrat d’apprentissage peut être rompu à l’initiative de l’administration, de l’apprenti ou de l’employeur.
Auparavant, le salarié ayant conclu un contrat d’apprentissage ne pouvait pas démissionner sauf en obtenant un diplôme visé. En cas de manquements de l’employeur à ses obligations ou de faute grave de celui-ci, l’apprenti devait faire appel au conseil des prud’hommes pour faire une demande de résiliation de son contrat.
Suite à la réforme apportée sur le contrat d’apprentissage, la loi « Avenir professionnel » ouvre désormais le droit au salarié apprenti de démissionner au-delà de la période d’essai si la conclusion de son contrat a lieu à compter du 1er janvier 2019. Les conditions de cette rupture sont clairement définies par le décret n° 2018-1231 du 24 décembre 2018.
Plusieurs raisons peuvent conduire à une rupture du contrat d’apprentissage.
L’employeur peut rompre unilatéralement le contrat d’apprentissage et licencier l’apprenti dans plusieurs cas :
Cette inaptitude peut être soit médicale soit professionnelle :
L’inaptitude professionnelle peut être admise suite à l’échec de l’apprenti à son examen de première année et à son non admission au redoublement. Dans ce cas, il se retrouve dans l’impossibilité de poursuivre la formation théorique.
L’apprenti peut recourir à la rupture de son contrat d’apprentissage dans les cas suivants :
- Au cours de la période probatoire :
L’apprenti peut démissionner sans avoir à justifier son acte.
- A l’issue de la période d’essai :
Les causes suivantes peuvent conduire l’apprenti à demander la rupture de son contrat d’apprentissage :
Dans plusieurs cas, l’initiative de la suspension, voire de la rupture du contrat d’apprentissage peut émaner de l’administration :
Les démarches obligatoires varient en fonction de la date de la rupture, de la personne à l’origine de la rupture et des raisons qui l’ont amenée à prendre cette décision.
Durant la période probatoire de 45 jours où l’apprenti effectue une formation pratique en entreprise, les deux parties peuvent se jauger et s’évaluer mutuellement. Elles sont ensuite libres de poursuivre ou non leur relation. Si l’un des deux décide de rompre le contrat d’apprentissage au cours de cette période, il n’est pas obligé de motiver sa décision ni de respecter un préavis. Il est cependant tenu de notifier la rupture par écrit.
La personne à l’initiative de la rupture doit respecter quelques étapes :
La date d’envoi de la lettre de notification de la rupture est celle qui sera considérée pour déterminer si la rupture a eu lieu ou non durant la période probatoire.
Si la rupture a lieu une fois la période probatoire de 45 jours passée, les démarches peuvent être différentes en fonction des cas.
En cas de rupture anticipée du contrat d’apprentissage décidée d’un commun accord
Si la rupture du contrat a été décidée d’un commun accord entre l’apprenti salarié et son employeur, quelques démarches sont indispensables :
En cas de licenciement d’un apprenti lié par un contrat conclu avant le 1er janvier 2019
En cas d’inaptitude de l’apprenti à exercer les activités convenues ou de faute grave, la résiliation doit être faite par voie judiciaire :
En cas de licenciement d’un apprenti lié par un contrat conclu à partir du 1er janvier 2019
A compter du 1er janvier 2019, les conditions de rupture ont été assouplies. Pour licencier un apprenti, l’employeur n’est plus obligé de saisir le conseil des prud’hommes. Il est juste tenu de respecter les procédures de licenciement habituelles pour motif disciplinaire ou personnel prévues en cas d’inaptitude, de faute grave ou de force majeure.
Les possibilités qui s’offrent à l’apprenti diffèrent en fonction de la date de conclusion du contrat d’apprentissage. Il en est de même pour les démarches.
Avant le 1er janvier 2019
Si la conclusion du contrat d’apprentissage a eu lieu avant le 1er janvier 2019, la procédure est différente en fonction des cas :
Après le 1er janvier 2019
Si le contrat d’apprentissage a été conclu postérieurement à l’entrée en vigueur de la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, l’apprenti peut mettre fin à son contrat de manière unilatérale, et ce, même après la période d’essai. Dans ce cas, il doit respecter quelques formalités :
Si un contrôleur ou un inspecteur du travail constate des risques sur l’intégrité morale et physique ou sur la santé de l’apprenti, il doit respecter les procédures suivantes :
La rupture du contrat n’est pas sans effets.
Un contrat d’apprentissage rompu de manière anticipée entraîne des conséquences pour l’employeur si celui-ci est en tort ou si la décision émane de l’administration :
Suite à la rupture anticipée de son contrat d’apprentissage, l’apprenti bénéficie du soutien et de l’accompagnement du CFA :
En remplissant certaines conditions, l’apprenti peut avoir droit à des allocations chômage suite à la rupture avant terme de son contrat d’apprentissage. La perte de l’emploi doit cependant être involontaire.
Dans certains cas, il peut également prétendre à des indemnités en cas de rupture de son contrat de façon anticipée.
Selon le Code du Travail, aucune indemnité n’est due si la rupture intervient durant la période probatoire de 45 jours. Le contrat d’apprentissage peut cependant stipuler le contraire.
Toutefois, si la rupture est consécutive à une faute ou si elle est abusive, la partie ayant subi un préjudice peut être dédommagée à la suite d’une condamnation judiciaire.
A l’issue de la période probatoire, si le contrat d’apprentissage est rompu, l’apprenti a droit à des indemnités :
Après que le contrat d’apprentissage soit rompu, des formalités incombent aussi bien à l’employeur qu’à l’apprenti.
L’employeur doit procéder à la remise d’un certain nombre de documents à l’apprenti :
L’employeur est aussi tenu de procéder au versement des sommes restantes à payer. Les indemnités compensatrices de congés, le solde des jours de RTT et les heures supplémentaires en sont des exemples.
Puisque le contrat d’apprentissage a été rompu avant terme, l’employeur doit également informer le CFA, la chambre du commerce ou des métiers et l’URSSAF.
De son côté, l’apprenti doit restituer l’ensemble des matériels et des biens ayant été mis à sa disposition. Autrement, il est passible de poursuites judiciaires.
Vous êtes employeur ou apprenti ? Vous n’avez aucune idée de comment rédiger un accord de résiliation du contrat d’apprentissage ?
Votre assistant juridique augmenté QIIRO vous propose des modèles qui n’ont plus qu’à être spécifiés !
L’accord de résiliation du contrat d’apprentissage doit au moins contenir les éléments suivants :
L’accord de résiliation du contrat d’apprentissage doit être établi par écrit. Vous pouvez vous inspirer d’un modèle rédigé par nos experts juridiques que vous pouvez personnaliser à votre guise selon votre situation.