Plusieurs affaires rendues en 2024, dont la dernière date du 14 novembre, nous rappellent comment la charge de la preuve est répartie quand un salarié se plaint de discrimination, et en quoi peut consister une discrimination.
Au civil, la charge de la preuve de la discrimination se déroule en plusieurs temps :
La Cour de cassation vient de donner plusieurs exemples récemment sur les éléments de preuve de la discrimination.
Dans la première affaire, le salarié avait agi au titre de la discrimination en raison du handicap. Parmi les éléments de faits que le salarié peut apporter à l’appui de ces dires, les juges relèvent :
Mais ils souligent aussi la possibilité pour l’employeur de prouver que son refus est justifié par des éléments objectifs étrangers à toute discrimination en raison du handicap. En donnant des exemples :
La 2e affaire portait sur une discrimination fondée sur l’origine.
Ici, la salariée rapportait des propos à caractère raciste, tenant à sa couleur de peau, par sa supérieure hiérarchique au cours d'un repas de Noël avec des collègues de travail, organisé par les élus. Il s’agit bien, pour la Cour de cassation, d’éléments laissant supposer une discrimination en raison de ses origines. L’employeur devait donc apporter ses propres éléments qui n’ont pas ici été précisés. Il aurait pu par exemple s’agir des mesures qu’il a mises en place après avoir été informé de l’affaire (enquête, sanction de l’auteur des propos...).
La 3e affaire du 14 novembre 2024 concerne également une discrimination sur l’origine. Ici la cour d’appel avait rejeté la demande de prise d’acte du salarié au motif qu’il ne faisait mention d'aucune mesure discriminatoire dont il aurait été victime. Il a pourtant été constaté
Il s’agit bien d'éléments de faits que l’employeur devait justifier par des éléments objectifs étrangers à toute discrimination.
Bon à savoir : la Cour de cassation rappelle que la discrimination inclut tout agissement lié à certains motifs (sexe, origine….) subi par une personne et ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité ou de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant.
Si une discrimination est reconnue, le salarié peut notamment obtenir :
Notez que l’employeur risque aussi une sanction pénale : 3 ans de prison et 45 000 euros d’amende.
Notez également qu’en cas de discrimination, si un salarié a été licencié, le licenciement est nul et le barème Macron ne s’applique pas.
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