Le Défenseur des droits, qui a constaté de nombreux manquements dans l’organisation et la réalisation des enquêtes internes par les employeurs, vient de délivrer un guide complet de 45 pages pour mieux les organiser. Il donne des recommandations que les entreprises doivent suivre et donc que les élus ont tout intérêt à connaître. Décryptage des points clés à retenir.
La première chose à retenir de ce guide, c’est que le Défenseur des droits fait de l’enquête interne une étape indispensable lorsque l’employeur reçoit un signalement de harcèlement sexuel ou de discrimination qui nécessite des investigations complémentaires. L’enquête interne est décidée par l’employeur et peut être confiée à un prestataire extérieur.
L’idée c’est d'avoir une connaissance exacte de la réalité, de la nature et de l’ampleur des faits, de façon à pouvoir réagir et protéger la victime présumée.
Une enquête sérieuse bénéficie à l’ensemble des parties car cela :
Bon à savoir: La Cour de cassation considère de son côté que l’absence d’enquête interne ne constitue pas automatiquement un manquement à l’obligation de sécurité. Ce qui compte c’est que l’employeur prenne des mesures suffisantes de nature à préserver la santé et la sécurité des salariés (voir notre article à ce sujet).
Ce qui a poussé le Défenseur des droits a publié des recommandations, c’est la forte disparité des pratiques et de nombreux manquements dans l’organisation et la réalisation des enquêtes internes qu’il a constaté : information défaillante des salariés, absence d’enquête, longueur de la procédure, absence de sanction ou sanction non proportionnée à la gravité des faits, absence de formation des enquêteurs… Cela conduit à fragiliser la qualification juridique des faits dénoncés par le salarié.
L’enquête interne n’étant soumise à aucun formalisme ni méthodologie par le Code du travail, le Défenseur des droits a donc livré sa méthodologie.
Il souligne que “si les recommandations énoncées doivent être respectées, il peut être nécessaire d’adapter en pratique la méthodologie dans les petites et très petites entreprises ne disposant pas de moyens humains ou matériels suffisants pour les observer, à condition que l’employeur puisse en justifier”.
Le Défenseur des droits a fait des recommandations pour chaque étape de la procédure d’enquête interne, du recueil du signalement aux éventuelles suites disciplinaires contre la personne mise en cause.
Deux recommandations sont à souligner :
Bon à savoir : Le dispositif de signalement se distingue de la cellule d’écoute en ce qu’il permet de signaler une situation à l’employeur et entraîne donc pour l’employeur l’obligation de traiter le signalement.
Il est important de faire connaître par une communication régulière aux personnes travaillant dans l’organisation les voies de signalement mises en place. Le Défenseur des droits souligne en effet que le très faible taux de recours aux dispositifs de signalement s’explique en partie par un manque d’information des salariés (mais aussi un manque de confiance envers les garanties d’impartialité et de confidentialité qu’ils offrent).
Il est recommandé aux employeurs, quel que soit l’effectif de l'entreprise et le moyen choisi pour transmettre un signalement :
Le point principal soulevé c’est la réactivité.
Le Défenseur des droits recommande que l’enquête soit ouverte dans un délai raisonnable après le signalement n’excédant pas 2 mois, et qu’elle soit conclue dans des délais les plus brefs possibles.
Important : l’employeur ne doit pas différer l’ouverture de l’enquête interne dans l’attente du résultat d’une éventuelle procédure pénale, civile ou administrative, il doit réagir dès le premier signalement. Peu importe également que la victime ou le mis en cause soient en arrêt maladie ou aient quitté l'entreprise, cela ne dispense pas d’ouvrir une enquête.
Le Défenseur des droits zoome sur l’importance de prendre en compte la dégradation de l’état de santé de la personne qui a signalé les faits. Il recommande par exemple :
Plusieurs recommandations à retenir :
Pour qualifier les faits, l’employeur doit veiller à ne pas les minimiser. Il est recommandé d’avoir une appréciation objective, neutre et loyale de l’ensemble des éléments portés à leur connaissance lors de l’enquête interne et d’en tirer les conséquences sur la qualification des faits.
Deux observations essentielles à retenir :
L’enquête interne peut être externalisée, c’est-à-dire confiée à un prestataire extérieur à l’entreprise tel qu’un cabinet de juristes, ou d’avocats. Qiiro peut vous accompagner sur ce sujet.
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